Londres (A.P.Hawzah) --Selon Al Jazeera, dans le quartier animé de Holborn, au centre de Londres, se trouve le restaurant en chaîne Hiba Express. Au-dessus de Hiba Express se trouve la Maison de Palestine, un lieu de plusieurs étages pour les rassemblements des partisans de la Palestine, qui s'est embelli avec des murs en pierre, une cour centrale et une fontaine.
Oussama Qashoo, un homme charismatique, gère les deux établissements. Son restaurant sert une variété de plats, notamment palestiniens et libanais ; l'intérieur du restaurant est décoré de couleurs chaudes et de slogans tels que "Du fleuve à la mer", "Sauvez les enfants" et une poupée portant un keffieh, faisant référence aux milliers d'enfants palestiniens tués lors des attaques israéliennes.
Sur plusieurs tables, on peut voir des canettes de soda rouge cerise décorées du drapeau palestinien et d'un motif de keffieh. Elles portent l'inscription en calligraphie, en arabe et en anglais : Cola Gaza.
Le véritable goût de la liberté
Ninke Bert, 53 ans, qui vit dans l'est de Londres, a découvert Cola Gaza lors d'un événement culturel à la Maison de Palestine. Elle dit : "Ce n'est pas aussi gazeux que le Coca-Cola. C'est plus doux et meilleur pour le palais. Et ça a meilleur goût car ça soutient la Palestine !"
Qashoo explique avoir créé Cola Gaza pour plusieurs raisons, mais "la première raison était le boycott des entreprises qui soutiennent et approvisionnent l'armée israélienne et soutiennent le génocide à Gaza. L'autre raison était de trouver un goût sans remords et sans génocide, qui donne le véritable goût de la liberté."
Qashoo a été contraint de fuir la Palestine en 2003 après avoir organisé des manifestations pacifiques contre ce qu'il appelle le "mur de l'apartheid" en Cisjordanie. Il est arrivé en Grande-Bretagne comme réfugié et est devenu étudiant en cinéma, avec pour objectif de transmettre les histoires palestiniennes à travers le cinéma. Sa trilogie "Le Voyage Palestine" a remporté le prix Nouvel Horizon d'Al Jazeera en 2006.
Concernant son produit, Cola Gaza, il déclare : "Cola Gaza est destiné à créer un mouvement de boycott qui nuira financièrement à Coca-Cola."
En faisant référence à sa famille comme l'une des motivations pour produire Cola Gaza, il dit : "Je ne sais pas où est mon fils adoptif de 17 ans qui a reçu une balle dans la tête en Cisjordanie en juin. J'ai de la famille à Gaza qui n'est plus là. J'ai des amis dont je ne sais pas où ils sont."
Qashoo explique ensuite le processus de production et de distribution : "Bien que la création de Cola Gaza n'ait pris qu'un an, ce fut un grand défi. Cola Gaza était un processus très difficile car je ne suis pas un expert de l'industrie des boissons. Il était difficile de trouver des points de vente pour la boisson qui est produite en Pologne et importée en Grande-Bretagne pour réduire les coûts. Nous ne pouvons pas accéder aux grands marchés en raison des politiques qui les sous-tendent."
Depuis le lancement de Cola Gaza dans ses trois restaurants londoniens début août, il a vendu 500 000 canettes. La boisson est également vendue par des commerçants musulmans comme le magasin "Al-Aqsa" à Manchester.
Qashoo affirme que tous les bénéfices des ventes seront consacrés à la reconstruction du service maternité de l'hôpital Al-Karama dans le nord-ouest de Gaza.
Cola Gaza rejoint d'autres marques qui sensibilisent à la Palestine et boycottent les grandes marques de cola opérant en Israël.
Dans ce contexte, Jeff Handmaker, professeur à l'Université Erasmus de Rotterdam aux Pays-Bas, déclare : "Le boycott par les consommateurs des entreprises et des gouvernements accusés d'atrocités est une tactique visant à créer une prise de conscience et une responsabilité concernant la complicité de ces entreprises ou institutions dans ces atrocités. L'objectif est d'accroître la sensibilisation, et le boycott de Coca-Cola a clairement réussi."
Oussama Qashoo, qui travaille actuellement sur la production d'une nouvelle version plus gazeuse de Colaghaza, déclare : "Nous devons nous souvenir, génération après génération, de cet horrible holocauste qui dure depuis 75 ans. Un petit et doux rappel ! Comme dire : profitez de votre boisson, salutations de Palestine !" (faisant référence à la boisson Colaghaza)