(A.P.Hawzah) -« Épitre sur les Droits » de l’Imam Sajjad (que la paix soit sur lui) est une œuvre majeure dans le domaine de l’éthique. Ce texte aborde les droits humains dans les relations personnelles, familiales et sociales, offrant aux musulmans et à tous les intéressés des clés pour intégrer des principes éthiques dans leur vie quotidienne. Dans le cadre de la promotion des enseignements islamiques et pour mieux faire connaître les droits individuels et sociaux en Islam, l'agence de presse de "Hawzah" propose une série captivante pour explorer ses différentes sections. Suivez-nous à travers une série de rapports pour mieux connaître cet ouvrage remarquable.
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَٰنِ الرَّحِيمِ
وَأَمَّا حَقُّ نَفْسِكَ عَلَيْكَ فَأَنْ تَسْتَوْفِيَهَا فِي طَاعَةِ اللهِ فَتُؤَدّي إلَى لِسَانِكَ حَقَّهُ وَإلَى سَمْعِك حَقَّهُ وَإلَى بَصَرِكَ حَقّهُ وَإلَى يَدِكَ حَقَّهَا وَإلَى رِجْلِك حَقَّهَا وَإلَى بَطْنِكَ حَقَّهُ وَإلَى فَرْجِكَ حَقَّهُ وَتَسْتَعِينَ باللهِ عَلَى ذَلِك
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Le droit de l’âme (Nafs)
« Le droit de ton âme (Nafs) sur toi, c’est que tu l’emploies pour obéir totalement à Dieu et en conséquence, tu respectes les droits de ta langue, de tes oreilles, de tes yeux, de tes mains, de tes pieds, de tes parties intimes, et demande à Dieu qu’Il t’aide pour accomplir ces devoirs. »
Commentaire :
La déclaration suggère que la réalisation du droit de l’âme dépend de la réalisation des droits des différents organes du corps, ce qui sera expliqué bientôt. Maintenant, qu’est-ce que l’âme ?
L’essence et la réalité de l’âme ne nous sont pas connues. Les philosophes ont convenu que l’âme est la source des effets de la vie dans le corps, tels que les facultés de l’intellect, de la parole, de l’écoute, de la vue, de l’ouïe, de la force, de la convoitise, du désir, etc. Avec la mort, toute trace de vie disparaît du corps.
Bien que l’âme ait une identité unique, elle a néanmoins des aspects et des statuts différents. Le Coran présente les aspects suivants de l’âme :
1) L’âme inspirée (An-Nafs al-Mulhama), [ en arabe : (النفس الملهمه) ] : C’est la dimension de l’âme qui inspire un être humain à distinguer le bien du mal et la vertu du vice. Dans la sourate Ash-Shams (91:8), le Coran déclare qu’Allah (SWT) a institué dans nos âmes, la capacité de distinguer le bien du mal :
« Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! [1] » (91:8)
Par exemple, les âmes inspirées louent l’accomplissement des promesses et réprimandent la violation des accords. Les âmes inspirées admirent la paix, la justice la fiabilité et condamnent la guerre, l’oppression, la tromperie. Cette perception innée est la cause du progrès humain vers la perfection.
2) L’âme incitatrice (au mal) (An-Nafs al-ʾAmmāra), [ en arabe: (النفس الامّاره) ] : L’âme incitatrice incite les êtres humains à faire le mal afin qu’ils puissent satisfaire leurs désirs, leurs passions et leurs convoitises. Dans la sourate Yusuf, le Coran (12:53) dit: « l’âme est très incitatrice au mal [2]. »
Le Coran et les hadiths mettent l’accent sur la retenue de l’âme incitatrice. Il est mentionné dans une tradition que le Saint Prophète (PSL) a dit après son retour d’une guerre: « Nous revenons maintenant de la petite lutte (Jihad Asghar) à la grande lutte (Jihad Akbar). » Ses compagnons ont demandé : « Ô Prophète d’Allah, quel est la grande lutte ? » Il a répondu : « La lutte contre l’âme incitatrice [3]. »
Ceux qui cèdent à l’âme incitatrice et se livrent par conséquent au péché et au mal, atteindront une position inférieure à celle d’une bête [4].
3) L‘âme admonestatrice ou l‘âme qui se blâme (An-Nafs al- Lawwâma) [ en arabe : (النفس اللوامة) ] : L’âme qui se blâme est mentionnée dans la sourate Al-Qiyamah (75:2) [5]. Nous la connaissons aussi comme la conscience, qui réprimande un être humain pour s’être engagé dans des actions et des comportements pervers. Par conséquent, elle encourage l’âme à guérir et à se restaurer par la repentance et la compensation des erreurs et des lacunes passées, si elle n’est pas déjà entièrement immergée dans le mal. Il existe de nombreux histoires à ce sujet, dont nous citons l’une ici :
Le Prophète Ibrahim (as) a brisé les idoles babyloniennes, et par conséquent, il a été convoqué à la cour. Le président du tribunal lui demanda : « Ô Ibrahim! Est-ce toi qui as fait cela à nos divinités?» Le Prophète Ibrahim (as) répondit : « C’est la plus grande d’entre elles que voici, qui l’a fait. Demandez-leur donc, si elles peuvent parler. » À ce moment, la conscience du président du tribunal et du jury s’est éveillée. Alors, ils sont revenus à eux-mêmes et ont admis (intérieurement) qu’ils avaient tort. Ils hochèrent la tête et dirent : « Ô Ibrahim ! Tu sais qu’ils ne peuvent pas parler. »
On s’attendait à ce que le juge et le jury écoutent leur conscience, renoncent à l’idolâtrie et prennent le parti du Prophète Ibrahim (as). Malheureusement, ils n’ont pas écouté les voix de leur conscience et ont condamné Ibrahim à mort en étant brûlé vif [6].
4) L‘âme apaisée (An-Nafs al-Mutma’inna) [ en arabe: (النفس المطمئنه) ] : L’âme apaisée a le statut le plus élevé car elle reste dans la paix et la tranquillité en s’appuyant sur Allah (SWT). L’Imam Hussein (AS) incarne ce que signifie être une âme apaisée.
L’âme apaisée a une foi ferme dans les promesses d’Allah (SWT) et se contente de la destinée divine. Le monde pour lui est un lieu d’épreuve. Par conséquent, la richesse et la pauvreté, les gains et les pertes, les hauts et les bas de la vie n’affectent pas son état d’esprit. Il ne serait pas tenté même s’il était immergé dans les bénédictions du monde et ne devient pas ingrat dans les moments de difficulté et d’épreuve. Une telle personne est dans un état de servitude incomplète, ne s’écarte pas du droit chemin et cherche du réconfort avec son rappel continu d’Allah (SWT) [7], [8].
L’espoir et la confiance en Allah (SWT) rendent l’âme heureuse et satisfaite du destin et des décrets divins. Cette étape s’appelle l’âme satisfaite (An-Nafs ar-Râdiya) [ en arabe: (النفس الراضيه) ]. Naturellement, une telle âme serait agréable à Allah (SWT). Cette dernière étape est appelée l’âme agréée (An-Nafs al-Mardiya) [ en arabe: (النفس المرضیه) ].
Le conseil de l’Imam Baqir (AS) à Jabir ibn Yazid Ja’fi [9] : « “Et sache que tu ne seras notre ami à moins que lorsque tous tes compatriotes s’unissent contre toi et disent que tu es un homme mauvais, ne t’afflige pas , et si tout le monde dit que tu es un homme bon, ce mot ne te rendra pas heureux. Mais compare-toi au Coran. Si tu te retrouves un adepte de ses commandements et instructions, évitant ce qu’il a interdit, intéressé par ce qu’il t’a encouragé, et que tu crains de ce qu’il t’a effrayé, alors sois ferme et heureux.
Parce que ce qui a été dit sur toi ne te fait pas de mal. Et si tu vois une séparation d’avec le Coran, alors pourquoi devrais-tu te tromper ? En effet, le croyant est toujours en train de lutter contre son âme pour vaincre ses caprices et ses désirs. Dans ce combat, parfois il redresse son âme de la perversion et de la déviation, et une autre fois son caprice et son désir le renversent ; par conséquent, il suit ses désirs.
Mais Allah (SWT) lui prend la main, le relève de terre et pardonne sa faute. Par conséquent, le croyant reprend ses esprits et cherche refuge dans la repentance et la crainte (de Dieu). Au fur et à mesure que sa crainte (de Dieu) augmente, sa perspicacité et sa connaissance augmentent. La raison est expliquée dans le Coran, qui dit : « Ceux qui pratiquent la piété, lorsqu’une suggestion du Diable les touche se rappellent [du châtiment d’Allah] : et les voilà devenus clairvoyants. [10] »
Reconnaissance:
Le texte est basé sur le Commentaire sur «L’Épître sur Les Droits» de l’Imam Sajjad (AS) du Grand Ayatollah Ja’far Sobhani.
Annexe_1:
Versets du Coran cités dans le texte:
﴾٨﴿ ٧﴾ فَأَلْهَمَهَا فُجُورَهَا وَتَقْوَاهَا ﴿ وَنَفْسٍ وَمَا سَوَّاهَا
Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! (91:7-8)
Annexe_2:
Le texte arabe des hadiths, cité dans le texte:
إِنَّ رَسُولَ اللهِ صَلَّي اللهُ عَلَيْهِ وَ آلِهِ بَعَثَ سَرِيَّةً فَلَمّا رَجَعُوا قالَ: مَرْحَباً بِقَوْمٍ قَضَوُا الْجِهادَ الْأَصْغَرَ وَ بَقِيَ عَلَيْهِمُ الْجِهادُ الْأَكْبَرُ قِيلَ: يا رَسُولَ اللهِ وَ مَا الْجِهادُ الْأَكْبَرُ؟ قالَ: جِهادُ النَّفْسِ ثُمَّ قالَ(ص): أَفْضَلُ الْجِهادِ مَنْ جاهَدَ نَفْسَهُ الَّتي بَيْنَ جَنْبَيْهِ
Le Prophète de Dieu (PSL) a envoyé une armée à la guerre. Quand ils sont revenus, il a dit : « Béni soit le groupe qui a réussi le petit jihad, mais le plus grand jihad est toujours leur responsabilité. » Il a été dit : « Ô Messager d’Allah, qu’est-ce que le Grand Jihad (Jihad Akbar) ? » Il a dit : « Jihad avec le Nafs. » Alors le Prophète (PSL) a dit: « Le plus haut jihad est le jihad que l’homme fait avec son âme cachée entre ses deux côtés [11], [12], [13]. »
Les conseils de l’Imam Baqir (AS) à Jabir ibn Yazid Ja’fi [14] :
وَ اعْلَمْ بِأَنَّكَ لَا تَكُونُ لَنَا وَلِيّاً حَتَّى لَوِ اجْتَمَعَ عَلَيْكَ أَهْلُ مِصْرِكَ وَ قَالُوا إِنَّكَ رَجُلُ سَوْءٍ لَمْ يَحْزُنْكَ ذَلِكَ، وَ لَوْ قَالُوا إِنَّكَ رَجُلٌ صَالِحٌ لَمْ يَسُرَّكَ ذَلِكَ، وَ لَكِنِ اعْرِضْ نَفْسَكَ عَلَى مَا فِي كِتَابِ اللَّهِ، فَإِنْ كُنْتَ سَالِكاً سَبِيلَهُ زَاهِداً فِي تَزْهِيدِهِ رَاغِباً فِي تَرْغِيبِهِ خَائِفاً مِنْ تَخْوِيفِهِ فَاثْبُتْ وَ أَبْشِرْ، فَإِنَّهُ لَا يَضُرُّكَ مَا قِيلَ فِيكَ، وَ إِنْ كُنْتَ مُبَايِناً لِلْقُرْآنِ فَمَا ذَا الَّذِي يَغُرُّكَ مِنْ نَفْسِكَ، إِنَّ الْمُؤْمِنَ مَعْنِيٌّ بِمُجَاهَدَةِ نَفْسِهِ لِيَغْلِبَهَا عَلَى هَوَاهَا، فَمَرَّةً يُقِيمُ أَوَدَهَا وَ يُخَالِفُ هَوَاهَا فِي مَحَبَّةِ اللَّهِ، وَ مَرَّةً تَصْرَعُهُ نَفْسُهُ فَيَتَّبِعُ هَوَاهَا فَيَنْعَشُهُ اللَّهُ فَيَنْتَعِشُ، وَ يُقِيلُ اللَّهُ عَثْرَتَهُ فَيَتَذَكَّرُ وَ يَفْزَعُ إِلَى التَّوْبَةِ وَ الْمَخَافَةِ فَيَزْدَادُ بَصِيرَةً وَ مَعْرِفَةً لِمَا زِيدَ فِيهِ مِنَ الْخَوْفِ، وَ ذَلِكَ بِأَنَّ اللَّهَ يَقُولُ: ﴿ إِنَّ الَّذِينَ اتَّقَواْ إِذَا مَسَّهُمْ طَائِفٌ مِّنَ الشَّيْطَانِ تَذَكَّرُواْ فَإِذَا هُم مُّبْصِرُونَ﴾
Notes:
[1] Ash-Shams, 91:7-8 (فَأَلْهَمَهَا فُجُورَهَا وَتَقْوَاهَا) (وَنَفْسٍ وَمَا سَوَّاهَا)
[2] Yusuf, 12: 53 (إِنَّ النَّفْسَ لَأَمَّارَةٌ بِالسُّوءِ إِلَّا مَا رَحِمَ رَبِّي ۚ)
[3] Bihar-al-Anwar, Vol. 67, P. 65
[4] At-Tin, 95:5 (ثُمَّ رَدَدْنَاهُ أَسْفَلَ سَافِلِينَ) Ensuite, Nous l’avons ramené au niveau le plus bas
[5] (وَلَا أُقْسِمُ بِالنَّفْسِ اللَّوَّامَةِ )
[6] Al-Anbiya, 21:62-65
[7] Ar-Ra’d, 13:28 (أَلَا بِذِكْرِ اللَّهِ تَطْمَئِنُّ الْقُلُوبُ)
[8] Al-Mizan, Vol. 20, P.477
[9] Bihar-al-Anwar, Allameh Majlisi, Vol. 75, P.163 (shiaonlinelibrary.com)
[10] Al-A’raf, 7:201
[11] Bihar-al-Anwar, Vol. 67, P. 65
[12] http://pajuhesh.irc.ir/product/note/show/id/616
[13] Bihar-al-Anwar, Allameh Majlisi, Vol. 67, P.65 (shiaonlinelibrary.com)
[14] Bihar-al-Anwar, Allameh Majlisi, Vol. 75, P.163 (shiaonlinelibrary.com)