L’échec diplomatique américain à parvenir à un consensus sur la prolongation de l'embargo sur les armes contre l'Iran au Conseil de sécurité de l'ONU, montre l'isolement diplomatique de l'administration de Donald Trump, qui n’a même pas pu convaincre ses plus proches alliés (Allemagne, Grande-Bretagne et France) à prendre des mesures contre l'Iran.
Le 15 août 2020, les Émirats arabes unis et le régime sioniste ont officiellement rendu publiques leurs relations. L'annonce de la normalisation des relations entre Abu Dhabi et Tel Aviv, a suscité de nombreuses critiques de la part des pays islamiques et arabes, qui y ont vu une trahison de la cause palestinienne, un soutien à l'occupation et la reconnaissance du régime sioniste.
Arshin Adib-Moghaddam, professeur de philosophie comparée à l’école des études orientales et africaines (SOAS) de l'Université de Londres, membre honoraire de la compagnie européenne de l'Université de Cambridge, auteur de plusieurs ouvrages sur les révolutions arabes et la révolution islamique (Bloomsbury Publiés en 2013) et "Le psycho nationalisme" (éditions de l’université de Cambridge, 2017), auteur de plus de 50 articles de recherche dans des revues et des livres scientifiques, a aussi participé à de nombreuses conférences au Japon, au Qatar, en Arménie, aux États-Unis, en Iran, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Dans un entretien avec l’Agence iranienne de presse coranique, il a déclaré : « L'Union européenne est inquiète face aux politiques unilatérales américaines, notamment au sein de l'administration de Trump, et contrairement aux États-Unis, estime que l'accord du BRICS est le meilleur moyen d'arrêter les activités nucléaires de l'Iran. Ce vote était plus que tout, le signe du déclin du pouvoir diplomatique américain. L'administration de Trump continuera à poursuivre sa politique unilatérale car c'est un gouvernement hégémonique, partisan de la politique de puissance (théorie des relations internationales qui croit en la répartition du pouvoir et des intérêts), incapable de construire un large consensus diplomatique sur quoi que ce soit, et considérant les sanctions unilatérales comme dernier recours.
Au sujet de la normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Tel-Aviv, il faut savoir qu’ils travaillent ensemble depuis longtemps. Il est important de reconnaître ces relations, je ne pense pas que l'Arabie saoudite suivra ce processus rapidement, car elle a des responsabilités différentes et évidentes dans le monde islamique.
Les conséquences des relations formelles avec Israël, pourraient être graves si rien n’est concédé aux Palestiniens, et très probablement, les monarchies du Maroc et d'Oman trouveront la perspective de relations formelles avec Tel Aviv plus attrayante, en raison de leur vulnérabilité et de leur faiblesse. Les Emirats ont clairement fait savoir aux Palestiniens que la question d'un État palestinien indépendant était totalement hors de propos pour eux. C'est un échec du panarabisme ou de la soi-disant solidarité panislamique. Israël devra peut-être réfléchir au sort des Emirats, la prochaine fois qu'il décidera de bombarder Gaza ou d'attaquer le sud du Liban car la prochaine fois que la Palestine sera ciblée, les Emirats seront sévèrement blâmés par les pays arabes et musulmans.
Certes, les Emirats pensent aux possibilités de commerce, de transfert de technologie et de partage d'informations (entre les parties) mais le problème palestinien ne se résoudra pas tout seul. L'histoire tourne et l'injustice est comme un boomerang (elle se retourne vers la personne elle-même), et c'est pourquoi les statues de marchands d'esclaves et d'autres racistes tombent aujourd'hui, dans les capitales européennes, après 200 ans ou plus.
La version officielle des relations entre Abu Dhabi-Tel Aviv sera beaucoup plus profonde que la relation informelle, et s’étendra au domaine de la sécurité et du renseignement, car les Emirats sont vulnérables dans ce domaine, et attendent le soutien d'Israël. Il y aura probablement une coordination plus secrète, même dans le domaine militaire, avec un niveau élevé de marketing et dans la recherche sur le nouveau virus Corona, les deux parties essayant d'utiliser l'accord comme substitut à des formes plus trompeuses de coopération militaire en Syrie ou au Yémen.
Quant aux discussions entre les Etats-Unis et l’Iran, l'administration Trump ne fera affaire avec l'Iran que si elle renonce à ses intérêts, et l'Iran ne sera d'accord avec l'administration de Trump que s'il considère que ses intérêts sont garantis. Les deux scénarios sont peu probables et il n'y a aucune raison de voir des signes de rapprochement.
Le principal atout de l'Iran réside dans les relations entre le gouvernement iranien et la société. Il y a de nombreuses émotions positives dans le pays, et un réservoir de puissance qui n’a pas été largement inutilisé. Le président iranien doit y prêter attention car il n'y a rien de plus juste, de plus efficace et de plus moral que d’apprécier le pouvoir du peuple, comme cela existe dans l'esprit de la Révolution islamique de 1978. Ce sont des sujets que j’aborde dans ma nouvelle recherche intitulée "Qu'est-ce que l'Iran ?" qui sera publiée par les éditions de l’université de Cambridge au début de la nouvelle année.