Le sommet de trois jours réunit des centaines de délégués et plusieurs chefs d'Etat mais l'absence de l'Arabie saoudite a été remarquée, conduisant certains analystes à voir dans ce forum la création d'un groupe alternatif aux Saoudiens. D'autant que la rencontre a été critiquée par l'Organisation de la coopération islamique (OCI), la plus importante organisation panislamique, basée à Jeddah en Arabie saoudite.
Pour le président iranien, "le régime économique américain et la dollarisation des économies nationales et internationales ont permis aux Etats-Unis de faire progresser leur hégémonie grâce à la menace de sanctions et au terrorisme économique".
Le monde musulman doit être sauvé "de la domination du dollar américain, et du système financier américain", a-t-il ajouté dans un discours, en suggérant de "lancer une cryptomonnaie unifiée pour les Etats musulmans, avec la coopération de nos banques centrales".
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions économiques drastiques à l'Iran après leur retrait de l'accord international sur le nucléaire iranien. L'économie iranienne est entrée en récession, voyant sa monnaie se déprécier et l'inflation bondir.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussi encouragé les pays islamiques à s'affranchir de leur dépendance au dollar. "Au lieu de commercer avec des devises étrangères, nous aimerions commercer avec nos monnaies nationales", a expliqué M. Erdogan. "Nous essayons de développer des systèmes de paiement alternatifs comme la Russie, la Chine et le Brésil", a-t-il précisé.
La livre turque s'est effondrée l'an dernier après une montée des tensions avec les Etats-Unis, débouchant sur une crise économique majeure.
Critiques de l'OCI
A l'ouverture du sommet, l'hôte de l'évènement, le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad a souligné que les pays musulmans étaient "dans un état de crise et faibles". Il a aussi affirmé que les organisateurs "ne discriminaient et ne voulaient isoler personne".
L'absence de l'Arabie saoudite a déclenché des spéculations sur la création d'une organisation alternative aux Saoudiens comprenant l'Iran, la Turquie et le Qatar. Nous avons "invité presque toutes les nations musulmanes à participer à ce sommet, quoiqu'à des niveaux de représentation différents", a assuré M. Mahatir. Le vétéran de 94 ans de la politique malaisienne s'est aussi entretenu avec le roi Salmane d'Arabie saoudite cette semaine pour le rassurer.
Mais l'OCI a estimé mercredi que de tels rassemblements "affaiblissent l'islam", dans une attaque voilée contre le sommet de Kuala Lumpur. "Il n'est pas dans l'intérêt d'une nation islamique de tenir des sommets et des réunions en dehors du cadre de l'OCI, en particulier en ce moment où le monde est témoin de multiples conflits", a déclaré le secrétaire général de l'organisation, le Saoudien Yousef al-Othaimeen à la chaîne de télévision Sky News Arabia.
D'autres signes semblent indiquer un mécontentement de Ryad. Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a annulé sa venue après un déplacement ce week-end en Arabie saoudite, visant selon les médias à apaiser les inquiétudes de son proche allié saoudien sur sa participation au sommet.
Le vice-président indonésien Ma'ruf Amin a de son côté annulé sa venue au dernier moment pour raisons de santé.
Le sort réservé par la Chine à la minorité musulmane ouïghoure pourrait être évoqué au cours du sommet de trois jours, ainsi que le conflit israélo-palestinien et les persécutions contre la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie.