L’agence de presse de "Hawzah" (Machhad - Iran) - Baha'eddin Muhammad Hossein Ameli, connu sous le nom de « Sheikh Bahâï », était un grand savant chiite de la fin du 10ème siècle, né en 953 de l’Hégire (1575) à Ba’lbak, une région devenue le Liban. Son lieu de naissance a toujours été un centre religieux chiite qui a donné naissance à de grands érudits chiites.
Sa famille était une des fameuses familles de Jabal Amel, ville chiite du nord de la Syrie de l'époque, dont la généalogie remonte à Hareth Ibn Abdollâh Hamedâni, un des plus célèbres disciples de l’Imam Ali (as).
Le père du Sheikh Bahâï était un jurisconsulte libanais, nommé Ez-e-din Hussein bin Abdul Sama'd ibn Muhammad ibn Ali ibn Hussein, un des grands savants du dixième siècle de l'hégire, qui avait étudié la jurisprudence, les principes religieux, la science des hadiths, la philosophie, la langue, les mathématiques, le commentaire, la poésie, l'Histoire et d'autres sciences de cette époque. Il était un scientifique habile et un des étudiants distingués du martyre Thani (Zayn al-Din al-Juba'i al'Amili (1506-1558), grand érudit chiite.
L'époque des Safavides
Cet érudit et mystique bien connu dans le domaine de la politique, était un grand juriste de l'époque des Safavides, et pendant de nombreuses années, il fut chargé de l'un des plus importants postes politiques religieux à savoir le poste de « Sheikh ol Islam » durant le gouvernement du Shah Abbas I, le roi le plus puissant de la dynastie des Safavides.
Dans le domaine de l'art architectural, le développement de la ville d'Ispahan et la création d'ouvrages durables, il n'a pas tardé pas à s'affirmer comme une figure scientifique de renom, surpassant de loin, tous les autres ingénieurs.
Le Sheikh Bahâï a formé beaucoup d'étudiants comme Mulla Sadra Shirazi, mollah Mohsen Feyz Kashani, Mohammad Taqi Majlisi, père de l'Allameh Mohammad Baqir Majlisi, le savant Sabzevari, et le cheikh Zain-o-din Ameli, petit-fils du martyr Sani (Zayn al-Din al-Juba'i al'Amili).
Le Sheikh Bahai a passé plus de 30 ans de sa vie à voyager dans diverses villes, en Égypte, en Syrie, dans l’Hedjaz, en Irak, en Palestine et en Afghanistan, où il organisait des discussions avec les érudits et les habitants. Il était un orateur et défenseur infatigable du chiisme, ayant effectué de pénibles voyages et se donnant beaucoup de peine pour garder vivante la culture chiite.
A cette époque, voyager n'était pas une chose facile, et les risques d'être attaqué par des voleurs ou des loups, d'égarement ou de soif dans le désert, étaient fréquents. Cependant, le Sheikh Bahâï quitta la cour et le poste de Sheikh-ol-Islam, son poste de chef des savants chiites et de jurisprudence, et retourna parmi les gens afin de comprendre leurs douleurs et de soigner la communauté islamique.
Maître architecte
Dans l’Histoire du peuple iranien, la Sheikh Bahâï fut notamment reconnu pour ses grands talents de mathématicien, de géomètre et d'ingénierie, et fut le concepteur du canal souterrain de Zarrin Kamar à Ispahan qui compte parmi les plus grands d’Iran, l’architecte principal de la mosquée de l’Imam, à Ispahan, et du mur de Najaf. Il fut également le créateur du cadran solaire de la mosquée royale et de la mosquée Goharshad, permettant de connaitre l’heure exacte de la prière de midi.
La conception d'un mur dans la cour de l'Imam Ali (a.s) à Najaf, pour déterminer le moment du coucher du soleil avec précision, la conception de la cour Enghelab islami du sanctuaire de l'Imam Reza (a.s) en forme d'hexagone, l'invention du fard blanc, baptisé ''Sefid Ab du Sheikh'', l’architecture des "Menâr jonbân" les deux minarets qui attirent de nombreux touristes chaque année à Ispahan, la conception du dôme de la mosquée de l'Imam d'Ispahan, renvoyant le son sept fois, la fabrication d'une horloge qui n'avait pas besoin d'être remontée, la construction du "Bain du Sheikh" chauffé par une sorte de bougie placée dans un espace clos qui n’avait à l’époque, ni besoin d’être alimentée ni d’être changée, comptent parmi les œuvres de ce savant chiite.
Don d'une bibliothèque au Sanctuaire de l'Imam Réza(a.s)
Des manuscrits coraniques attribués à l'Imam Ali (as), l'Imam Hassan (as) et l’Imam Hussein (as), rédigés en écriture Kofi sur des peaux de gazelles, ont été dédié à l'Astan Qods-e Razavi en 979 de l’hégire, par Shah Abbas I, de la dynastie des Safavides, accompagnés d'un acte de donation du Sheikh Bahâï en personne.
En plus des actes de donation qu'ils avaient rédigés sur des manuscrits coraniques, le Sheikh Bahâï a offert 36 manuscrits à la bibliothèque de l'Astan Qods-e Razavi en 996 de l'hégire.
Le Sheikh Bahâï a également légué par testament, sa bibliothèque personnelle au sanctuaire de l'Imam Reza (as), héritage d’une immense valeur contenant 4000 manuscrits et lithographies, dont la plupart ont été rédigés pendant sa vie et dont les actes de donation portent son sceau et sa signature.
Adieu au monde
Le Sheikh Bahâï s’est éteint pendant le mois de Shawal de l’année 1030 de l'Hégire, à l'âge de 77 ans et plus de 500000 habitants d'Ispahan ont participé à ses funérailles. Ispahan, capitale safavide était noyée dans le deuil. Mohammad Taqi Majlisi a effectué la prière funéraire sur son corps qui a été transféré à Machhad et selon sa volonté, enterré dans sa maison près du sanctuaire. Actuellement, le tombeau du Sheikh Bahâï est situé dans l'une des salles du sanctuaire sacré, à son propre nom.
La salle du Sheikh Bahâï, située au sud-est du sanctuaire, est le lieu de sépulture du Shaykh Baha’i, entouré par la cour Azadi au nord, la salle Imam Khomeiny au sud, la salle Dar al Ebad à l'est et la salle Dar Al Zahad à l'ouest. L'entrée principale est un corridor situé au sud-ouest de la cour Azadi.
Sur le côté ouest du couloir du Sheikh Bahâï, une inscription gravée sur une mosaïque représente les inscriptions de la pierre tombale du Sheikh et sur les trois côtés de la salle du Sheikh, sous le toit, sur le mur situé près de la pierre tombale, se trouve une inscription en écriture Tulth d'une longueur de 30/8 mètres et d'une largeur de 40 centimètres qui présente les 70 œuvres du Sheikh Bahâï.
Tous les murs de la salle sont décorés de miroirs à partir des plinths, et le plafond voûté est décoré de carreaux et de Karbandis (décorations géométriques qui consistent à transformer un espace quadrilatère en apparences de cercles).