(A.P.Hawzah) -Feu l’Ayatollah Mesbah Yazdi a abordé, dans l’un de ses discours, le thème de « l’unité des musulmans », que nous présentons aux honorables lecteurs.
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Lors de mes voyages dans divers pays, j’ai rencontré des personnes dont l’attachement aux Ahl al-Bayt (paix sur eux), contrairement à ce qui est souvent répandu parmi nous, n’est pas moindre, mais parfois bien plus profond que ce que nous pouvons imaginer.
À titre d’exemple, en Indonésie, j’ai rencontré un savant égyptien. Dans son allocution, il a tenu des propos remarquables au sujet des Ahl al-Bayt (paix sur eux).
À la fin de la séance, je lui ai dit : « On a l’impression que vous, Égyptiens, êtes attachés aux Ahl al-Bayt, et c’est ainsi que nous vous percevons. »
Il me répondit : « Vous dites que nous sommes des amis des Ahl al-Bayt, mais cette expression est inexacte. Nous ne sommes pas seulement des amis : nous sommes fascinés par les Ahl al-Bayt, nous sommes des martyrs sur leur voie, nous sommes amoureux des Ahl al-Bayt. Ne dites pas seulement que nous sommes leurs amis, car l’amitié ne suffit pas. »
Une autre expérience m’est arrivée en Malaisie. Lors d’un voyage avec M. Massoudi, le responsable du sanctuaire de sainte Ma‘soumeh (que la paix soit sur elle), nous étions les invités d’un savant sunnite.
Dans cette réunion, un poème à la gloire des Ahl al-Bayt fut récité d’une telle manière que M. Massoudi et moi en fûmes profondément touchés et que les larmes coulèrent de nos yeux.
Ces expériences montrent que si nous prêchons les enseignements du chiisme de manière correcte, avec méthode et cohérence, beaucoup de ces personnes s’orienteront vers la vérité de l’école chiite.
Le manquement vient de notre côté, et nous devons en répondre devant le Législateur, devant l’Imam, et même devant notre propre conscience.
La voie correcte consiste à engager un dialogue fondé sur des arguments, de la logique et dans un climat scientifique et de recherche, afin que la vérité se manifeste d’elle-même.
Mais lorsqu’il s’agit d’interlocuteurs qui sont soit hostiles, soit tellement influencés par la propagande qu’ils ne laissent aucune place à l’erreur et sont convaincus que leur religion est la vérité, il faut réfléchir à la manière adéquate de se comporter.
Si nous négligeons de présenter la vérité et si nous faiblissons dans la démonstration de la fausseté des doctrines erronées, nous trahissons en réalité Dieu, le Prophète, l’humanité, les martyrs, ainsi que nos ancêtres et nos descendants.
Une telle négligence nous place de fait aux côtés des démons qui barrent la voie de la vérité — « الَّذينَ يَصُدُّونَ عَنْ سَبيلِ اللَّهِ وَ يَبْغُونَها عِوَجاً » (Ceux qui obstruent le sentier d’Allah (aux gens), cherchent à rendre tortueux ).
Si nous ne proclamons pas la vérité, d’autres en profiteront et diront : « S’ils avaient quelque chose à dire, ils l’auraient exprimé et ils auraient défendu leurs croyances. »
Une telle attitude n’est pas correcte.
La question se pose alors : que faire avec ceux qui s’opposent, que ce soit par hostilité ou par ignorance enracinée, parce que leur environnement social et culturel les empêche de concevoir la possibilité d’une erreur dans leurs croyances ?
Le principe fondamental ici est la préservation de l’unité.
Si nous adoptons à leur égard une attitude agressive, dure et sectaire, cela n’aboutira qu’à accroître l’hostilité des adversaires et à offrir de nouveaux prétextes aux ignorants.
Ils diront : « Si la vérité était avec eux, pourquoi se seraient-ils tournés vers l’injure et l’agressivité ? S’ils avaient une légitimité, ils auraient dû l’exposer par la raison et la preuve. »
Un tel comportement sera perçu, même par des observateurs neutres, comme une preuve de notre fausseté.
Ainsi, une approche sectaire, sans fondement rationnel et accompagnée d’agressivité et d’insultes, n’a aucun résultat positif et peut même produire l’effet inverse.
À l’inverse, la parole rationnelle a toujours sa place et l’on ne doit jamais empêcher l’expression d’un raisonnement logique, car il n’existe aucun fondement rationnel ou religieux pour interdire la voie de la logique.
En revanche, il n’existe aucune justification intellectuelle ni religieuse qui légitime les comportements agressifs, sectaires, hostiles ou haineux.
Certains pourraient imaginer que parce que certaines malédictions apparaissent dans les hadiths ou dans les prières contre certaines figures, on peut appliquer ces cas à des personnes contemporaines et ainsi exciter les sentiments des autres.
Or, il n’est nullement nécessaire de provoquer l’hostilité et l’animosité des autres par un tel comportement.
Car le résultat n’en sera que persécution, assassinats, autorisation de verser le sang des chiites, sans aucun progrès dans la démonstration de la vérité. Cela n’est ni rationnel ni religieux.
Il est vrai que le noble Coran, à de multiples reprises, mentionne clairement la malédiction, et cela fait partie intégrante des textes religieux. Cependant, il n’est jamais nécessaire, face à ceux qui partagent avec nous de nombreux points fondamentaux et respectent nos lieux sacrés comme nous respectons les leurs, d’attiser l’hostilité pour quelques divergences.
Un tel comportement n’a ni fondement rationnel ni justification religieuse.
Toutefois, il faut préserver ce droit : dans les cercles scientifiques, dans un climat sain et sans préjugés, nous devons étudier l’histoire et les faits, afin qu’il devienne clair quelles traditions sont authentiques et lesquelles sont erronées.
Si nous négligeons cette tâche, nous trahissons la science (selon les termes d’aujourd’hui), et selon les termes de la religion, nous trahissons Dieu, le Prophète, les Imams, la vérité et les martyrs.
Car si ces vérités ne sont pas exposées, si la véracité de l’Islam et du chiisme n’est pas démontrée, comment les générations futures sauront-elles d’où nous tenons cette religion ?
Sans aucun doute, si les assemblées religieuses, les mosquées, les husseiniyyas, les cérémonies de deuil et les fêtes religieuses n’existaient pas, comment vous et moi aurions-nous pu connaître la légitimité de la religion et agir en conséquence ?
Si ces assemblées venaient à disparaître, ou si elles s’abstenaient d’exposer les preuves de la véracité de notre école, comment les générations futures sauraient-elles quelle est la véritable religion ?
Ce serait une trahison du dépôt confié, car nous n’aurions pas transmis la vérité à ceux qui y ont droit.
La recherche sur les questions doctrinales et historiques, dont les résultats touchent à la foi et à la religion, est à la fois une obligation rationnelle et religieuse, et cette voie ne doit pas être fermée.
Cependant, en même temps, il faut préserver le respect de l’autre et éviter d’exciter inutilement ses sentiments.
Il ne faut pas énoncer des propos qui n’ont aucun rôle dans la démonstration de la vérité, mais qui ne font qu’augmenter l’hostilité et l’entêtement des opposants, et qui risquent d’engendrer des inimitiés pouvant mener au sang versé d’innocents.




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