(A.P.Hawzah) -L’Émir des Croyants, l’Imam Ali (as), expose dans le Nahj al-Balâgha des points concernant le « vrai renoncement », que nous présentons ici aux lecteurs :
Sagesse 28 :
« أَفْضَلُ الزُّهْدِ، إِخْفَاءُ الزُّهْدِ »
Traduction :
Le meilleur renoncement est celui que l’on cache.
Explication :
Le plus haut degré du renoncement :
L’Imam (as), dans cette parole empreinte de sagesse, dit : « Le meilleur renoncement est celui que l’on cache. » (أَفْضَلُ الزُّهْدِ إِخْفَاءُ الزُّهْدِ).
Cette phrase fait allusion à l’attitude adoptée par les ascètes ostentatoires de cette époque comme de la nôtre : pour attirer les cœurs des gens, ils choisissaient des vêtements simples et usés, parfois en grosse toile, une demeure modeste, une nourriture très frugale, afin que les gens se tournent vers eux, les considèrent comme exaucés dans leurs prières, et qu’ils obtiennent ainsi une place dans la société ou amassent des richesses en secret.
Souvent, leur vie intérieure et extérieure était très différente. Or, l’ostentation étant une forme de polythéisme et d’égocentrisme, ces personnes, bien que paraissant ascètes, étaient en réalité polythéistes dans leur cœur et pouvaient parfois devenir une source de danger pour la société.
Le véritable ascète n’est pas celui qui s’est lancé à la poursuite du monde mais, n’y étant pas parvenu, s’est vêtu du manteau du renoncement. Le véritable ascète est celui vers qui le monde est venu, mais qui l’a refusé, préférant une vie d’ascèse aux plaisirs de ce bas-monde.
Comme l’a dit l’Émir des Croyants (as) dans le sermon 32 du Nahj al-Balâgha :
« Certains n’ont pas recherché le pouvoir parce que leur faiblesse les en a empêchés et parce qu’ils n’avaient aucun moyen d’y parvenir. Alors, leur situation les a confinés dans leur état, et ils se sont parés du nom de la satisfaction et se sont embellis des habits des ascètes, alors qu’en vérité ils n’en étaient pas, ni de jour ni de nuit. »
En d’autres termes : le véritable ascète est celui qui n’est pas attaché au monde ni prisonnier de celui-ci, et non celui qui n’a rien et, par contrainte, porte les habits du renoncement. Comme l’a expliqué l’Imam Ali (as), en interprétant ce verset :
« Afin que vous ne vous affligiez pas de ce qui vous échappe et que vous ne vous réjouissiez pas de ce qu’Il vous a donné » (Sourate al-Hadîd, 57 : 23).
Il dit : « Tout le renoncement se résume en deux phrases du Coran : Dieu le Très-Haut dit : Ne soyez pas attristés par ce que vous avez perdu, et ne vous réjouissez pas excessivement de ce qui vous a été donné. »
Dans un autre hadith rapporté dans Ghurar al-Hikam, l’Imam (as) exprime cette idée de manière remarquable :
« Le renoncement est la chose la plus rare et la plus précieuse. Tous le louent, mais la plupart des gens l’abandonnent. »
Terminons par deux remarques :
– Premièrement : si l’on demande comment être ascète tout en cachant son ascèse, la réponse est qu’un ascète doit se comporter comme les autres en société. Par exemple, à une table où différents mets sont servis, il en goûte un peu de chacun, au lieu de repousser tout pour ne manger que du pain et du fromage. En matière de vêtements, il doit porter des habits simples et ordinaires, et non pas des habits ostentatoires d’ascète. Ainsi, il peut être ascète dans son cœur tout en étant une personne normale en apparence.
Deuxièmement : chaque fois qu’un ascète se vante de son ascèse et l’expose, en réalité, il n’est plus ascète. Car s’attacher à son ascèse, en être fier et attirer les regards des gens de cette manière n’est rien d’autre qu’un attachement au monde et le contraire du renoncement.
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