(A.P.Hawzah) - l'usurpation de l'autorité et du califat des Gens de la Maison (as) a commencé dès l'époque de l'oppression et du martyre de Fatima Zahra (sa). Un point crucial dans cet événement est de comprendre pourquoi les élites et le peuple de Médine, après le Prophète (psl), se sont tournés vers d'autres qu'Amir al-Mu'minin (as), alors qu'ils étaient certains que la personne la plus digne pour diriger la communauté était Ali (as) lui-même. Ce rapport examine trois raisons principales expliquant pourquoi la majorité du peuple et les élites de Médine n'ont pas prêté allégeance à l'autorité de l'Imam Ali (as).
Doute :
Pourquoi les gens, après le Prophète (psl), se sont-ils tournés vers d'autres que l'Émir des croyants (as), alors qu'ils savaient avec certitude qu'il était le plus vertueux des hommes ?
Réponse :
Il est certain que la négligence et l'inaction des musulmans de la première époque islamique, et en particulier des habitants de Médine, concernant la question du califat d'Amir al-Mu'minin (as), n'étaient pas dues à l'ignorance ou au manque d'information. Leur indifférence, leur silence et leur désobéissance étaient plutôt le résultat d'une décision consciente et délibérée.
La personnalité exceptionnelle d'Amir al-Mu'minin (as) était bien connue et reconnue par les musulmans de cette époque. Sa supériorité parmi les compagnons du Prophète (psl), ainsi que sa compétence et son mérite pour assumer la direction de la communauté après le Prophète, étaient évidents pour tous.
En outre, en raison des qualités uniques de l'Imam Ali (as), et sur ordre de la Révélation, le Prophète (psl) avait à plusieurs reprises annoncé et confirmé son califat et sa succession. L'épisode le plus marquant de ces déclarations est l'événement grandiose de Ghadir, où le Prophète (psl) a désigné Ali (as) comme son successeur devant une vaste assemblée, prenant même l'allégeance des présents. Ce récit est rapporté de manière mutawâtir dans les sources sunnites et chiites, par l'intermédiaire des compagnons.
L'analyse des causes profondes de cet événement historique nécessite une étude approfondie. Cependant, dans trois récits principaux, les facteurs fondamentaux de cet événement douloureux sont abordés et expliqués.
La rancune des élites de Médine envers l’Imam Ali (as)
عَنْ أَبِیهِ عَنْ أَبِی الْحَسَنِ ع قَالَ: سَأَلْتُهُ عَنْ أَمِیرِ الْمُؤْمِنِینَ ع کَیْفَ مَالَ النَّاسُ عَنْهُ إِلَی غَیْرِهِ وَ قَدْ عَرَفُوا فَضْلَهُ وَ سَابِقَتَهُ وَ مَکَانَهُ مِنْ رَسُولِ اللَّهِ ص فَقَالَ إِنَّمَا مَالُوا عَنْهُ إِلَی غَیْرِهِ لِأَنَّهُ کَانَ قَدْ قَتَلَ آبَاءَهُمْ وَ أَجْدَادَهُمْ وَ أَعْمَامَهُمْ وَ أَخْوَالَهُمْ وَ أَقْرِبَاءَهُمْ الْمُحَارِبِینَ لِلَّهِ وَ لِرَسُولِهِ عَدَداً کَثِیراً فَکَانَ حِقْدُهُمْ عَلَیْهِ لِذَلِکَ فِی قُلُوبِهِمْ فَلَمْ یُحِبُّوا أَنْ یَتَوَلَّی عَلَیْهِمْ وَ لَمْ یَکُنْ فِی قُلُوبِهِمْ عَلَی غَیْرِهِ مِثْلُ ذَلِکَ لِأَنَّهُ لَمْ یَکُنْ لَهُ فِی الْجِهَادِ بَیْنَ یَدَیْ رَسُولِ اللَّهِ ص مِثْلُ مَا کَانَ لَهُ فَلِذَلِکَ عَدَلُوا عَنْهُ وَ مَالُوا إِلَی غَیْرِهِ.
Un récit rapporté d'Abu al-Hassan (as) indique que lorsqu'on lui a demandé pourquoi les gens s’étaient détournés d’Amir al-Mu’minin (as) pour se tourner vers d'autres, alors qu’ils connaissaient son mérite, son ancienneté dans l’Islam et sa position auprès du Prophète (psl), il a répondu :
"Les gens se sont éloignés de lui et se sont tournés vers d'autres parce qu'il avait tué leurs pères, leurs grands-pères, leurs oncles paternels et maternels, ainsi que leurs proches, qui s’étaient opposés à Dieu et à Son Messager. Ces affrontements avaient laissé une profonde rancune dans leurs cœurs. Ils ne souhaitaient donc pas que l’Imam Ali (as) exerce son autorité sur eux.
En revanche, ils n’avaient pas cette même rancune envers d'autres, car ces derniers n’avaient pas pris part au jihad aux côtés du Prophète (psl) de la même manière qu’Ali (as). C’est pour cette raison qu’ils se sont détournés de lui et ont préféré d'autres."
La rigueur absolue de la justice de l’Imam Ali (as)
L’Imam Ali (as) possédait une qualité que beaucoup considéraient à tort comme un défaut. Malgré toutes les vertus et qualités supérieures qu'ils reconnaissaient en lui, certains lui reprochaient sa stricte inflexibilité dans l'application de la justice.
Cette rigueur était particulièrement évidente lorsqu'il s'agissait des lois divines, des droits des gens ou de la gestion du trésor public. Un exemple emblématique est l’histoire d’Aqil, le frère de l’Imam, un homme aveugle et père de famille, dont la part des biens publics ne suffisait pas à subvenir à ses besoins.
Malgré les supplications de son frère, l’Imam Ali (as) refusa de lui donner ne serait-ce qu’un dirham de plus que sa part légitime. Il répondit avec fermeté : « Si je te donnais ne serait-ce qu’un dirham de plus, il me faudrait en payer le prix en brûlant dans le feu de l’Enfer. »
Ignorance et déni des droits légitimes du peuple
Dans une lettre adressée à son frère Aqil, l’Imam Ali (as) souligne les similitudes entre lui-même et le Prophète Muhammad (psl), tout en identifiant deux raisons principales de l’opposition des califes et des autres à son encontre : leur ignorance à reconnaître son droit légitime et leur déni de ses mérites.
Il déclare :
« Sache que les Arabes se sont aujourd’hui unis pour combattre ton frère, tout comme ils s’étaient auparavant opposés au Prophète (psl), ignorant ses droits et niant ses vertus. »
Concernant ces opposants et leurs actes, il ajoute :
« Souhaitez-vous que je vous informe des personnes les plus perdantes ?
الَّذِینَ ضَلَّ سَعْیُهُمْ فِی الْحَیَوةِ الدُّنْیَا وَ هُمْ یَحْسَبُونَ أَنَّهُمْ یُحْسِنُونَ صُنْعًا
Ce sont ceux dont les efforts dans cette vie sont vains, tout en croyant qu’ils agissent pour le bien. »
Sources :
Al-‘Ilal al-Shara’i, vol. 1, p. 145.
Thaqafi Kufi, Al-Gharat, vol. 2, p. 431.
Bihar al-Anwar, vol. 41, chap. 107, hadith 23.
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